Épître 23
Tressaillement de Pentecôte qui monte de la terre à mes paumes. Mes doigts sont bougies de ferveur soudainement allumées devant l’icône de la Sainte Présence. Offrande de la messe de ma main de feu aux cinq flammes. Levée d’épaule par la force motrice des anges. Dix lumières dressées sur le chandelier de mes deux bras. La tête est l’habit de feu du cierge pascal de mon corps. Ce feu réchauffe une terre endormie, éclôt des semences oubliées dans le chavirement des automnes de ma chevelure. Je suis revêtue de mon habit de fête safrané, au cœur d’ignition blanche. Vous ne pouvez sculpter ma flamme qui n’est point d’aile déployée, à peine dressée sur mon flanc. Je reçois la force d’en haut, tel un arbre en lavis, caressé des aquarelles de la pluie sur le toit du ciel. Je reçois la force par le milieu du corps qui m’enroyaume selon la promesse divine.
Si mes doigts font bougies c’est pour étreindre la nuit privée d’étoiles. A la lueur de mes doigts je prie mon Seigneur dans la grotte de Sainte Baume. Iéschoua est passé dans le domaine des grands transparents, ces supérieurs Inconnus aux corps d’invisibilité. Ce corps cependant devant mes mains dressées se dessine Souffle et je l’effleure comme un pinceau de couleurs sur le bois de l’icône. La plus belle icône sera toujours l’aptitude des yeux à regarder le cœur.
La force de Pentecôte lève les bras à l’équerre des côtes dans un geste de symétrie parfaite.
Je mets ma main au feu. Puis l’autre. Et vous transmets cette chaleur du feu qui ne brûle pas. Vous ferez forêt de mille éclosions actives. Vous serez forêt qui ne mérite abattage, fut-ce pour les piliers d’un beau temple. Vous serez Eglise vivante de cette imposition de mes mains de flammes, de mes mains de femme.
Une telle force d’amour cherche à se propager, ne peut se contenir ni se retenir. Elle fait église d’ essaimage en essaimage, dans le virevoltement mellifère des eucharisties florales. Amen.
J’ai bu au calice de la volupté au temps des noces, au temps de Cana. Puis j’ai bu le Graal de Son sang au « Pessar » de Jérusalem. Maintenant je bois de tout mon être à celui tendu par un bras d’ange un long Trait de lumière, une lapée de feu et de lave des volcans du paradis.