Épître 18
Le craquement du silence
me recentre dans l’épaisseur du feu
assentiment du bois
à ce qui fait clarté de clairière
il y a en moi un feu si puissant
qu’il met en incandescence
toute velléité
de pensée
curieux qu’il ne flambe pas mes cheveux
chaque perle ignée de ce rosaire égrené
imbibe le clair de l’esprit
au chemin du désert
je dors, prie et médite en cette grotte
Ascension, Pentecôte, Navigation
tout est repos désormais
je laisse Simon Pierre et les autres emprisonner Iéschoua
au tombeau doré d’une nouvelle religion
la nourriture me vient du ciel
elle descend en pente douce
comme une manne de miel
à la lisière de tout éther
céréales poussées dans les nuages
d’une eucharistie heureuse
On me dit yogini de Sainte Baume
j’ai oublié visage d’humain
habillée de vent
de feuillage tenu par cordelette
et de vacuité d’angélus
Le craquement du feu
me recentre à chaque instant
dans l’épaisseur du silence.